Eaux stagnantes

Le vaste hydrosystème de la Leyre est riche de ses habitats aquatiques, y compris en contexte lentique, c'est à dire d'eaux stagnantes. Les habitats d'intérêt communautaire les plus singuliers et typiques de la Leyre sont rattachés à des eaux naturellement très acides et très pauvres, dites d'eaux dystrophes. Les marais permanents, parfois recreusés par l'Homme pour la pêche et la chasse, et les mares de chasse, créent des conditions propices à l'expression de certains groupements eutrophes.

1- Plans d'eau eutrophes avec dominance de macrophytes libres flottant à la surface de l'eau - Code 3150-3

Associations : Lemneto minoris-Spirodeletum polyrhizae

La manifestation la plus typique de cet habitat correspond aux voiles verts couvrant les surfaces des eaux grâce au développement de lentilles d'eau, Petite Lenticule et  Lenticule à nombreuses racines. On retrouve ces herbiers non enracinés dans les eaux permanentes des bras-morts et des dépressions artificielles riches en nutriments. Cet habitat s'imbrique bien souvent avec des communautés non classées Natura 2000 mais bien typiques de la vallée : herbiers de nénuphars, sparganiaies...

Lorsque les eaux deviennent plus riches encore, l'herbier se voit dominée par l'Azolla fausse-filicule, dite aussi Mousse des fées, synonyme d'une pollution organique d'origine artificielle. Cette variante reste heureusement très rare sur la Leyre et ne peut être attaché localement à un enjeu de conservation.

 Plus d'infos : cahier d'habitats

2- Rivières, canaux et fossés eutrophes des marais naturels - Code 3150-4

Associations : Certophylletum demersi, Lemneto minoris-Utricularietum vulgaris

et d'autres associations à potamots à définir

En présence d'Utriculaire négligée associée aux cératophylles, ou cornifles, on est proche d'une autre déclinaison d'habitat (3150-2). Toutefois sur la Leyre, l'expression de communautés végétales à utriculaires, Cornifle submergé ou Cornifle immergé et la richesse en petits potamots (P. nageant, P. crépu, P. pectiné...) nous orientent vers des herbiers d'eaux méso-eutrophes à tendance dystrophe, connus des rivières lentes, de leurs bras-morts et des marais associés. 

Dans ce contexte de délaissées fluviales sur vases ou sables limoneux, la présence du Fluteau nageant, plante aquatique Natura 2000, n'est pas rare. Ces communautés végétales sont souvent instables car fortement liées chaque année aux recharges sédimentaires lors des crues et aux dynamiques naturelles d'atterrissement en conexte de bras-morts.

Plus d'infos : cahier d'habitats

3- Mares dystrophes naturelles - Code 3160-1

Association : Sphagno-Utricularietum ochroleucae ?

Les sols tourbeux et vaseux des vallées de la Leyre sont propices à l'expression de ces communautés végétales très typées, propres à des eaux stagnantes peu profondes et donc souvent temporaires, riches en acides humiques issus des sols organiques submergés et/ou des sols forestiers lessivés. Les eaux acides des mares temporaires et gouilles formées sur des tourbières ou des landes et des marais oligotrophes de tête de bassin versant, présentent une couleur brune "thé".

Couvrant de petites surfaces de quelques mètres carrés seulement, cet habitat est pauvre en espèces : Petite Utriculaire, Utriculaire intermédiaire et Sphagnum cuspidatum.

Sur la Leyre, l'habitat reste exceptionnel. Cet habitat est présent surtout dans l'Europe du Nord-Ouest à affinité boréale, et revêt donc un fort caractère patrimonial au niveau national.

Plus d'infos : cahier d'habitats

 

4- Eaux oligo-mésotrophes calcaires avec végétation benthique à Chara spp. - Code 3140

Les characées sont des espèces pionnières, colonisant souvent des milieux "neufs", après une crue... ou des travaux. Plusieurs genres sont rencontrés dont les Chara et les Nitella.

Cet habitat est très mal connu localement, de part la difficulté de détermination des espèces et de la localisation très sporadique de ces herbiers : dépendances des rivières, marais, fossés ou mêmes de simples ornières de chemins avec des apports de gravats comme au Marais du Graoux à Belin-Beliet. Cet habitat reste à préciser sur la Leyre, notamment sa position dynamique avec d'autres groupements végétaux liés aux marais alluviaux et aux bras-morts. L'évaluation de l'intérêt patrimonial passera en premier lieu par une définition précise des cortèges rencontrées sur le site.

Bien reconnaissables au toucher avec leur apsect calcifié, les characées seraient recherchées par les écrevisses en période de mue !

Plus d'infos : cahier d'habitats

 

logo biblio

 Tous les cahiers d'habitats sont disponibles en téléchargement sur INPN

 Pour des élements plus complets sur la diversité phytosociologique des végétations aquatiques de la Leyre, il convient de se reporter aux différents travaux du Conservatoire Botanique National Sud-Atlantique, et en particulier :

Blanchard F., Lamothe B., 2003, Typologie des végétations aquatiques, amphibies et des bas niveaux topographiques non tourbeux des eaux douces et oligo-halines du réseau hydraulique de la Leyre et de ses affluents (Gironde, Landes). CBNSA-PNRLG. 155p.