Le site des vallées de la Leyre englobe le cours principal des fleuves de la Petite Leyre et de la Grande Leyre qui se rejoignent pour former l'Eyre jusqu'au Bassin d'Arcachon. Le site comprend un réseau dense d'affluents associés, totalisant plus de 200 km linéaires d'eaux courantes.
La Leyre et ses affluents sont des cours d'eau relativement jeunes, liés à la formation du vaste plateau sableux landais. En lien direct avec le toit de la nappe phréatique et le ruisselement des eaux pluviales, les eaux fraîches, acides et pauves en minéraux de la Leyre conditionnent la présence de végétations aquatiques singulières. Parmi les végétaions aquatiques des eaucx courantes, les herbiers sont relativement peu abondants du fait de la composition chimique des eaux et du filtrage important de la lumière par la ripisylve.
Sur l'essentiel des affluents et sur une large partie du linéaire principal et jusqu'en aval, les végétations relèvent des habitats d'intérêt communautaire suivant :
1- Rivières à Renoncules oligotrophes acides - Code 3260-1
Associations : Hyperico elodis–Potametum polygonifolii
Sparganio-Callitrichetum,
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Dans les eaux faiblement courantes et oligotrophes des petits émissaires ou en bordure des rivières, on retrouve un cortège caractérisé par le Potamot à feuilles de renouée, le Millepertuis des marais et les renoncules flammette et à fleurs toutes blanches. Ce cortège n'est pas sans rapeller celui des gazons amphibies des eaux stagnantes et temporaires.
Sont compris également les herbiers de pleines eaux avec les callitriches, espèces caractéristiques formant des touffes massives d'un vert soutenu, aux ondulements omniprésents sur la Leyre. Parmi les compagnes, on citera le fragile Scipe flottant et les rubans s'étirant dans le courant du Rubanier simple. La présence du Myriophylle à feuilles alternes est notée ponctuellement régulière, mais ce sont les herbiers du Fluteau nageant, espèce N2000, qui attire l'attention.
L'ensoleillement, la profondeur, la vitesse du courant sont des paramètres importants jouant sur la densité et la répartition des herbiers et des différentes espèces qui les composent. Ces herbiers sont des habitats prioritaires pour des poissons emblématiques comme le Brochet aquitain et l'Anguille d'Europe.
Le cortège floristique, et notamment le Potamot à feuilles de renouée, est apte à coloniser rapidement le milieu, après une crue ou un curage. Les transports de sable peuvent exonder les herbiers et empêcher une recolonisation. La pollution des eaux peut quant à elle modifier le cortège et évincer les espèces les plus sensibles et typiques telles que les mousses acidiphiles et oligotrophes comme Sphagnum gr. denticulatum.
Plus d'infos : cahier d'habitats
2- Rivières à renoncules oligo-mésotrophes à méso-eutrophes, acides à neutres - Code 3260-3
Associations : Callitricheto hamulatae-Myriophylletum alterniflori
et plusieurs associations à déterminer
Cette déclinaison d'habitat renvoie ici aux rivières aux eaux courantes légèrement plus enrichies que les précédentes. Le Potamot à feuilles de renouée et la Renoncule à fleurs toutes blanches disparaissent et laissent place dans les eaux calmes à d'autres potamots tels que les potamots perfolié, crépu et de Berchtold. Ici aussi, la présence du Fluteau nageant, espèce N2000 est caractéristique, et celle du Myriophylle à feuilles alternes plus discrète. Les renoncules aquatiques normalement attendues ici n'apparissent pas dans nos systèmes de transition avec les communautés plus eutrophes d'aval.
Les herbiers de callitriches restent encore structurant, et la distinction avec l'habitat 3260-1 peut sembler délicate sans rentrer dans le détail des espèces de callitriches. L'arrivée d'espèces mésotrophes permet de détecter plus facilement cet habitat, avec la présence de lentilles d'eau et de certaines plantes capables de forme rhéophile (= dans le courant) en périodes de hautes eaux puis de développer leur appareil végétal aérien en étiage : Ache nodiflore, Rubanier dressé, Myosotis des marais, Menthe aquatique, Glycérie flottante...
Concernant les mousses, on peut noter la présence remarquable d'une groupement singulier de mousses sur les chenaux actifs de la Leyre et ses méandres avec notamment la Fontinale commune Fontinalus antipyretica formant des manchons de mousses sur les racines plongeantes des arbres et les embâcles.
Plus d'infos : cahier d'habitats
3- Ruisseaux et petites rivières eutrophes neutres à basiques - Code 3260-6
Associations liées au Potomion pectinati et au Ranunculoin aquatilis
Cet habitat est caractéristique d'eaux (méso-)eutrophes, avec notamment la Callitriche à angles obtus, le Potamot pectiné et le Potamot crépu, les lentilles d'eau, l'Elodée du Canada et des algues filamenteuses... Le Cresson de fontaine Nasturtium officinale et les rubaniers peuvent devenir très denses dans les eaux riches peu profondes et bien éclairés.
Cet habitat semble marginal dans les conditions naturelles rencontrées sur la Leyre. Il doit profiter ponctuellement de certains marais alluviaux et dépôts limoneux à l'aval mais surtout de ruisseaux et de fossés enrichis artificiellement par les activités urbaines, agricoles et piscicoles. Dans ces conditions, l'enjeu patrimonial est donc faible.
Plus d'infos : cahier d'habitats
4- Rivières avec berges vaseuses avec végétation du Chenopodion rubri et du Bidention - Code 3270-1
Associations : cf Bidentetea tripartitae avec des syntaxons probablement nouveaux
L'habitat révèle ici la charge en nutriments naturellement croissante d'amont en aval dans un fleuve comme la Leyre. En berges du val de l'Eyre et dans les marais associés des bras-morts, les dépôts alluvionnaires riches en matière organique et en sable favorisent toute une communauté d'annuelles et de plantes pionnières.
L'intérêt de ces communautés vient de leur lien étroit avec les crues saisonnières. Parmi les espèces caractéristiques, on compte le Bident feuillu Bidens frondosa et le Bident penché Bidens cernua, ainsi que les Renouée douce et Renouée poivre-d'eau. La Menthe aquatique, le Lycope d'Europe et le Cresson amphibie apparaissent souvent en espèces compagnes.
Une variante originale de ce groupement est dominée par le Faux-riz Leersia oryzoides sur les dépôts alluvionnaires méso-eutrophes des bras-morts et des berges de l'Eyre. La graminée crée un fond vert franc puis un tapis de chaumes marqué, et s'associe aux autres plantes déjà mentionnées.
Sur le terrain, ces groupements végétaux peuvent notamment s'imbriquer avec des gazons amphibies mésotrophiles à Ludwigie des marais. En contexte de marais alluvial, les vases mésotrophes avec assèchement estival en surface acceuillent également une communauté très originale de petites hépatiques peu communes (Riccia canaliculata et Riccia huebeneriana), associées à de minuscules mousses tout aussi rares.
Plus d'infos : cahier d'habitats
Tous les cahiers d'habitats sont disponibles en téléchargement sur INPN
Pour des élements plus complets sur la diversité phytosociologique des végétations aquatiques de la Leyre, il convient de se reporter aux différents travaux du Conservatoire Botanique National Sud-Atlantique, et en particulier :
Blanchard F., Lamothe B., 2003, Typologie des végétations aquatiques, amphibies et des bas niveaux topographiques non tourbeux des eaux douces et oligo-halines du réseau hydraulique de la Leyre et de ses affluents (Gironde, Landes). CBNSA-PNRLG. 155p.